Tome 1 : La plume et l'épée, Episode 2 : Sang d'encre (Locke)

Admin Messages : 7168 Date d'inscription : 20/09/2009

Son regard se fait un peu plus dur ou agacé au fur et à mesure de ton discours, elle lâche finalement, au bord de l'implosion.

"Mais ferme-la un peu avec tes longs discours !" lâche-t-elle sans aménité.

"Tu as peur, voilà ce qu'il se passe. Tes rêveries de 4^eme Couronne, ta non-implication en politique, tout ça c'est une façon d'éviter de t'y mettre vraiment et d'agir pour notre Ordre."

Elle croise les bras, sûrement pas encore remise de tes esquives perpétuelles au téléphone ou de lui avoir menti pendant l'accident de la West Station.

"Va dans la 4^eme, on est déjà en place là-bas ! Présente-toi à la mairie ! mais fais quelque chose de plus que ta gueguerre avec Kim Wu. Tu rêves déjà de quitter Centile pour aller te planquer sur Dolérian, qui, je te le rappelle, est un incarnat interdit d'accès par la loi. L'équipe qui est en place là-bas actuellement a une dérogation spéciale, une sorte de couverture bien étanche pour y être, excepté pour Orlov.

Si tu crains pour ton image par rapport aux activités de la 4^eme, ça c'est rien comparé à la transgression des lois confédérales"

Elle souffle, se calme. La Lucy d'aujourd'hui a ses humeurs aussi.

"Et pour ton coup d'éclat, il est déjà prêt : le livre que tu sortiras qui rendra compte des mémoires d'Alexei. Tu l'auras là, ton armure étincellante !"

Je repousse la tête en arrière une fois son discours fini, bien en arrière, pour cacher le petit sourire que je n'ai pu empêcher de laisser paraître sur mes lèvres et qui aurait pu être mal interprété. Ah cette cher Lucy, j'ai cru l'avoir perdu.

Je relève la tête et plonge mon regard dans le sien, lui transmettant le flot émotionnel qui m'habite :

« Tu as raison j'ai peur ! J'ai vu la mort en face il y a quelque semaine, et c'est Kim Wu qui m'a jeté au dessus d'un pont, si je perds face à lui, que puis-je face a cet homme du HCC, qui s'est relevé après que cet Orlov ait fait explosé une gare et malgré le fait qu'il ait été au centre de l'explosion ? Je ne suis rien, qu'un petit scribouillard a la langue acéré, mais par moi même je ne peux rien faire, là est mon soucis. Alors oui j'ai peur, et je crois que je suis pourtant bien plus courageux que la moyenne, compte tenu de mes capacités. Mais il faut dire que sur ce coup je ne me sens pas beaucoup aidé. L'ordre de Veritas est venu me chercher, m'a donné une mission, et m'a renvoyé sans grande aide. Jusque là je trouve que vous avez pas beaucoup assuré mes arrières, et vous ne m'aviez même pas prévenu du simple potentiel de l'homme que je devais aller chercher, ni surtout que quelqu'un d'autre le voulait ! Je ne sais pas qui était ce groupe en noir, mais leurs capacités dépasse l'entendement. Leur représentante féminine a envoyer ma voiture au loin, comme un simple fétu de paille, juste en prenant son élan sur son support. Et d'après ce que j'ai vu, les autres n'étaient pas non plus dénué. Un groupe aussi puissant devrait laisser des traces, et j'en ai pas trouvé, a moins que vous ne possédiez des infos que vous jugez inutile de me présenter ? Et là vous êtes toujours en contact avec Orlov alors que c'est ces types qui les ont embarqués ? Vous comptez beaucoup sur moi, mais j'ai pas l'impression de pouvoir beaucoup me reposez sur vous ! »

Je me lève, et lui tourne presque le dos, sans perdre le contact visuel.

« Quand au livre sur Orlov, ne te fais pas trop d'illusion dessus, son témoignage à lui seul ne vaudra rien si je n'ai pas d'autre preuves ou s'il ne s'expose pas personnellement, et si il s'expose personnellement, mes adversaires considéreront que je suis impliqué jusqu'au cou et m'attaqueront, et je n'ai pas encore les défenses pour me donner le champ de contre attaquer. Cela ne veut pas dire que je n'accepte pas de le rencontrer, mais je doute de l'utilité immédiate de la chose. »

Je marque une petite pause et reprends d'un ton un peu plus circonspect :

« Par contre, je ne savais pas que l'ordre de Véritas possédait des équipes dans la 4e couronne. Je ne demanderais pas pourquoi le camp des rebelles n'a pas encore gagné dans ce cas, vous avez sans doutes des raisons d'ordres médiatiques. Les affaires de la 4e couronne me pèse, pas seulement politiquement mais aussi sur la conscience, je ne peux effacer de mon esprit ces deux femmes dont s'est servi Kim Wu, et je m'étais juré d'y mettre fin juste après cette soirée, mais jusque là, j'ai eu certains empêchement, comme, être jeté du côté d'un pont. Par contre, si vous vous proposez de m'y envoyer, je n'ai qu'une seule chose à vous dire : Mais bonne déesse, comment ça se fait que j'y sois pas déjà ! Je comptais m'y rendre de toute façon, mais si pour une fois vous pouvez m'être utile ! »

Admin Messages : 7168 Date d'inscription : 20/09/2009

Elle se lève à son tour, excédée :

"Tu te fous de ma gueule ?!!

C'est toi qui a pris la décision d'aller au secours d'Orlov. Moi je t'ai dit de rester loin de la gare ! Tu m'as pas décroché un mot, pas appelé, pas prévenu quand c'est arrivé. Alors maintenant viens pas te plaindre que t'as pas eu toutes les informations et qu'on t'a pas couvert !

Et heureusement, bordel, qu'on avait une autre agente sur le coup, la même qui en ce moment est en train d'assurer la sécurité d'Alexei et attends le bon moment pour l'extrader au plus vite.

Et attends un peu d'avoir entendu ce qu'Alexei a à te raconter avant de juger de sa pertinence !

Et non, Locke, on ne gagne pas une bataille dans la 4^eme rien qu'en claquant des doigts. Tu sous-estimes tes adversaires, c'est peut-être pour ça que tu flippes quand tu vois enfin de quoi ils sont capables !! Et après tu viens nous dire qu'on t'a pas couvert ?

Putain, nan mais je rêve ? T'es au courant du nombre de fois où on t'a sauvé la peau ?"

Les regards convergent davantage vers vous, aussi s'écarte-t-elle pour aller à l'avant du navire fluvial, mains sur la rambarde, bouche fermée, histoire de se calmer un peu.

Je sens la colère monter petit à petit en moi, cette fille est en train de me faire perdre mon calme, et je perds contrôle de moi-même un court instant, pendant lequel j'ouvre la bouche et la referme avant qu'elle ait pu emmètre un son. Mon dieu, si une simple connaissance ayant partagé ma couche arrive à me mettre dans cet état, comment ais-je pu envisager une seule seconde me lancer en politique.

« Je dois avoir n'avoir pu le faire. La vérité c'est que j'ai suivi la piste du frère qui m'a amené sur le terrain d'opération lui-même. Quand j'ai reçu ton message il était déjà trop tard, j'étais mouillé jusqu'au cou, et aucun rivage à l'horizon, je devais finir ce que j'avais commencé. Quand à la protection de l'Ordre de Veritas, c'est marrant elle me rappelle un proverbe sur le mariage disant qu'il « se fait fort de permettre de régler à deux, des problèmes que l'on aurait jamais eu tout seul ». »

Je laisse traîner la petite allusion par la lenteur de ma voix, tente de mesurer sa frustration, je suis presque tenter d'entrer dans sa tête pour savoir quelle a été vraiment cette protection, et si elle n'a pas été effective avant mon entrée en contact avec l'ordre, mais je me refuse à la faire, et alors que je laisse ma voix mourir, je reprends une demi-seconde après, afin de ne pas laisser à Lucy le temps d'exploser à ce moment sur ça, et reprends d'une voix lasse de douce résignation.

« Bien, j'écouterais ce qu'a à dire Orlov, peut être cela-est-il plus intéressant que ce que je crois savoir, après tout, je pense avoir envisagé toute les possibilités, mais l'existence d'un fait est relative à sa prise de conscience par les gens. La vérité est à jamais changeante selon nos perceptions, mais dans ce cas est-elle vraiment vérité ? J'ai l'espoir que oui, et j'espère que ce cher monsieur Orlov pense de même, je n'ai pas eu le temps de bien lui parler. »

Même dans l'univers d'Horini je n'ai pu vraiment lui parler. Et franchement, je pense que sa vision de ce fait que l'on a vécu ensemble, m’intéressera plus avant que ce qu'il aura à me raconter sur Niroy, car même si Lucy ne veut l'entendre, personne ne croira jamais un prêtre renégat et un écrivain contestataire sur un sujet aussi énorme.

Admin Messages : 7168 Date d'inscription : 20/09/2009

Toujours fuyante du regard sous la colère contenue, elle laisse quelques temps de silence alors que le vaporetto laisse descendre quelques passagers et monter quelques autres. Vous arrivez près des docks où quelques voiliers de plaisance se balancent, indolents.

Elle revient à toi au bout de quelques instants, avec un ton qui indique qu'elle tente de tourner la page.

"Donc ! La 4eme.

Nous avons des contacts dans cette périphérie, dont un prêtre qui devrait pouvoir t'aider à joindre Orlov. Hey, tu pourras allier la chèvre et le choix, comme ça..."

Elle te pointe du doigt, faussement accusatrice.

"Ne précise pas surtout qui est la chèvre et qui est le choux."

Puis, plus sérieuse.

"Les accès par train ou voiture sont bloqués à cause de l'instabilité dans la périphérie. Si tu veux passer, il faudra utiliser la mer. Je te proposerai bien certains de nos contacts pour traverser, mais puisque tu veux prendre tes distances avec l'Ordre, j'imagine que tu ne manques pas non plus de ressources pour te frayer un passage de l'autre côté."

Son sourire se maquille d'une pointe de défiance. Plus joueuse déjà, c'est un peu plus la Lucie que tu connais.

Je souris à la pique qu'elle me lance, je suis ravie que la discussion reprenne ce tour, je ne supporte pas d'être mis dans une situation qui peut porter préjudice à ma capacité de self-control, et il faut avouer que Lucy a presque réussi à me faire m'oublier, sans doute le stress de ces dernières semaines, ma vie en est à un de ses point tournant, mais la transition m'a l'air d'être trop rude pour être considéré comme telle, voilà un chapitre que j'aurai soigneusement retravaillé si c'était moi qui tenait les rênes du grand livre de ma vie, mais un autre semble y avoir apposé ses droits.

Toujours est-il que Lucy a raison, j'ai besoin de l'ordre sur ce coup, mais je dois sauver mon orgueil et surtout mon indépendance sur ce coup, cela risque d'être difficile à faire passer.

« J'avais effectivement pensé à la nage, après tout cela fait trop longtemps que j'ai négligé mon physique et je pense que cela constituerait un bon échauffement, mais maintenant que nous nos relations semblent redevenu un peu plus cordiales, j'ai imaginé quelque chose d'autre. Que dirais que je t'embarque dans une gondole jusqu'à la quatrième couronne que je dirigerais à la perche en te chantant des chansons d'amour, n'es-tu point emballé par cette folle idée d'escapade ? Allez, je suis sur que tu apprécieras tellement le voyage que tu désirera ne jamais accoster ! Peut être que je devrais commencer à amasser des provisions pour tenir le temps ce refus, ainsi que des toniques pour la voix, au cas où tu serais tellement enchanté par mes chants que tu me demanderai de te lever le matin avec une ballade lyrique et de t'aider à t'endormir avec une lente et mélancolique berceuse, qu'en penses-tu ? »

Fanfaronner, voilà bien la seule chose qu'il me reste pour sauver la face face à Lucy. Il n'empêche que cette idée de croisière à deux ne serait pas pour me déplaire, je dois avouer avoir un peu négligé mon côté romantique récemment, et je pense qu'un peu d'eau-de-rose pourrait raviver mon humeur, ou alors me dégoûter tellement que je finisse par enfin bien juger ma situation actuelle ? Oui, c'est plus probable, enfin bon là n'est pas la question. Il faut que je me creuse la tête pour trouver d'autres moyens de passer. Oh, je pourrais passer par terre si je le voulais, mais cela ferait un paquet de gens à qui retourner l'ascenseur après coup, et encore, je me met à douter de plus en plus de mes soutiens. En trouver un nouveau, stable et puissant, m'arrangerai, encore faut-il que je reste hors de son emprise, et que de soutenu je passe à possédé.

Admin Messages : 7168 Date d'inscription : 20/09/2009

Il souffle un faux rire en regardant ailleurs. Puis, pensant que tu es sérieux, elle revient vers toi en fronçant les sourcils.

"Tu plaisantes ? Déjà il faudrait un mois à la rame... sans parler des provisions. Et puis tu te ferais attraper par les gardes côtiers."

Elle reste interdite face à tes rêveries romantiques auxquelles elle semble encore insensibles.

J'essaye de me retenir de rire à la remarque de Lucy, mais je ne réussis à obtenir que le fait qu'il parte du nez. Je me rapproche d'elle un peu, essayant de créer une petite atmosphère intime.

« J'aurai du me douter que je devais être celui qui amène un peu de subtilité dans le couple, ah moins que je ne sois celui qui se fasse berner tout du long. »

Je laisse mes yeux s’agrandir pour accentuer le côté expectatif de ma réplique, et je laisse s'écouler un petit moment, tandis que je la regarde droit dans les yeux, puis je me résigne, et laisse échapper un petit soupir.

« Sur le coup j'ai vraiment besoin de votre aide pour rejoindre ce petit îlot paradisiaque que je me projette d'atteindre. De toute façon, je suis déjà mouillé puisque l'homme que je dois aller voir est déjà à vous, alors autant que je fasse le grand saut, c'est ce que tu attends, n'est-ce pas ? »

Et je termine sur un grand sourire jovial, un peu trop peut être, ce qui le laisse ouvert à de nombreuses interprétations. J'attends de voir quelle sera la réponse de Lucy. Je me sens un peu frustré d'en être à quémander, mais je ne peux plus me permettre de trop jouer les mijaurées après les récents évènements.

Admin Messages : 7168 Date d'inscription : 20/09/2009

Elle joue la fuite en s'esquivant sans en avoir l'air de la promiscuité que tu essaies de créer. Elle a un haussement d'épaules :

"Je ne suis pas du genre à attendre mais plutôt à agir.

Oui, je peux t'aider à passer. Il faudra simplement faire un détour et s'armer un peu de patience. Ce n'est pas un voyage qui se fait en une nuit."

Son regard balaie alors sur l'horizon autant que ta remarque sur un "couple" qui serait à bord de ce vaporetto. Vous arrivez au terminus au bout d'une jetée qui ondule sous la houle. Mais elle en descend pas, se contentant d'un regard entendu avec le capitaine de cette petite embarcation. De nouveau vers toi, elle retrouve ce sourire dont elle se revêt quand elle incarne un autre personnage.

"Ainsi... nous serons deux tourtereaux en lune de miel... qui se seront malheureusement perdus. Je suis sûr que tu n'auras aucun problème à te prêter au jeu."

Un signe de tête au capitaine et le voilà qui[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Admin Messages : 7168 Date d'inscription : 20/09/2009

Vous vous êtes enfoncés dans les heures nocturnes le temps que Lucy arrange le rendez-vous.

La taverne dans laquelle vous avez rendez-vous est plus un bordel de bon aloi qu'un véritable estaminet. Ca braille, ça ahahane aux fenêtres, ça joue du violon et de l'accordéon à l'intérieur. Lorsque vous passez les portes, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] d'une légèreté qui imprègne bien les lieux.

Des donzelles en corsée parfois déjà bien découvert boivent sur les genoux de marins grassouillés qui leur adressent des sourires édentés. On joue aux cartes sur la table à ta droite, ce qui t'empêche de voir le poignard qui file par la gauche et passe devant votre nez pour se planter sur la cible de fléchette qui figure les têtes des Grands Electeurs de la Couronne.

"T'avais dit qu'd'la main gauche j'y arriffe !" braille le lanceur sans faire attention à vos mines effarouchés.

Lucy et toi-même avez changé vos vêtements pour quelque chose plus couleur local. Aussi a-t-elle de bottes de cuir, un gilet sans manches et une chemise à rabat en flanelle désormais ainsi qu'un bicorne usé acheté trois fois rien mais toujours trois fois trop cher.

Elle vous indique une grande table centrale où trônent trois flibustiers, ceinturon large en travers du torse où s'accrochent moultes mousquets. Le plus large de tous, dont la barbe blonde épaisse et brouissailleuse s'agite sitôt qu'il parle, se lève à votre arrivée :

"Aahhah ! Le voici t'alors ! Le fameux fou qui défie la fieffée flibuste, forte de ses estafilades farouches.

- Qu'il fuse, qu'il file, qu'il arquebuse, qu'il crache sa bile, poursuit le plus vieux des trois d'une voix chevrotante comme un disque rayé.

- Eh, ça va la vache ?" palimdromise la dernière du trio. Une femme d'une beauté plus que moyenne vu son côté garçon manqué.

"Comme ça, on vient défier le Capitaine Ricketti dans son propre bastion pour un baston sale ? Assieds-toi séant en tassant le néant tandis que je te compte nos règles en attendant que je te règle ton compte.

- Dans la piraterie, on parie, on lance des défis, on donne des garanties. Tu dois défier chacun de nous, le battre à l'épreuve qu'il t'imposera. Tu as dans ta manche un atout, changer l'une des épreuves tu as le droit. A la place tu peux mettre la tienne, nous nous y plierons. Attention, une fois rentré dans l'arène, tu perds par forfait si tu vas à reculons."

- L'arbitre est toujours souverain. Nos soiffards seront tous sollicités. Si ils s'applaudissent, t'es sûrement toppissime !" Immédiatement, tu remarques qu'elle démarre chaque mot par la dernière lettre du mot précédent. Une épreuve possible ?

Les épreuves maintenant ! Moi : foi de Ricketti, je te défie à la réplique rimée la plus cinglante. Je te laisse un trait à toi d'y répondre ! Et de m'en lancer un nouveau. Tu auras l'honneur de me lancer le premier trait !

- A moi, tu devras m'insulter sans que je ne m'en rende compte. Ou du moins qu'à la fin !

- Enfin, moi ! Tu devras m'insulter en 26 mots, de sorte que la première lettre de chacun suive l'alphabet en commençant par la lettre Q ! Ainsi, tu peux commencer en disant "Qu'il Reste Selon Ton... etc". puis une fois arrivée à Z, on redémarre avec A ("Zéphirs, Alizées Bavent Chaleureusement, etc").

Tu as le droit d'intercaler des mots qui ne suivent pas l'ordre alphabétique, si cela peut t'aider par exemple en disant "Alizées qui Bavent" mais cela vaudra une pénalité. Tu verras, de toute façon, je commencerai !"

"Alors mon gars, t'es prêt ? T'as une épreuve à interjecter ?"

Voilà que je me déguise en pirate, comme un gosse, rien que pour ça je vais apprécier la petite virée que je vais m'offrir dans ce bar. Un long manteau marron couvre mon dos tandis qu'il laisse apercevoir par son ouverture le ceinturon de cuir qui me barre la poitrine de l'épaule droite à la hanche gauche, au dessus d'une chemise blanche dont les trois premier boutons sont laissés pendant. Une autre ceinture vient tenir en place le pantalon de lin noire qui tombe sur mes bottes en cuir marron. Je ne me suis pas laissé aller à la fantaisie de revêtir un cache-œil, Mais un bandana, d'une couleur marron terne elle aussi, vient ceindre mon front et cacher en partie mes cheveux argentés noués en une queue de cheval sur l'arrière.

La taverne est déjà des plus animés, et les femmes de petites vertus côtoient les marins saouls. Ca joue aux cartes, en trichant peut être un peu trop grossièrement d'ailleurs, puisque je dénombre sur la table pas moins de 7 exemplaire de la carte la plus forte de ce jeu.

Je ne prête que peu d'attention au coup de vent qui vient soulever une des mèches de mes cheveux, même si je réalise bien vite qu'il s'agit d'un couteau, peu approprié au lancer qui plus est, et je salue donc la dextérité du tireur, sachant qu'il a sans doute dépassé la dose raisonnable d'alcool a ingurgiter en une demi heure pour un pratiquant de ce genre d'épreuves.

Lucy m'indique alors le conseil des pirates. Ainsi voilà la bande de fier-en-gueule que je devrais défier ? Très biens. Leur phrasé contient a chaque fois quelques sophistications inutiles, signe qu'ils ont soit trop abusé de l'alcool, soit qu'ils sont trop imbu d'eux-même et de leur compétence. Bien, si il s'agit d'un combat de coq, je pense pouvoir dresser fièrement la poitrine sans risque.

J'écoute leur règles et les défis proposés. Des 3 qui qui me sont lancés, un seul je peux remplacer par l'épreuve de mon choix. C'est bon à savoir. L'épreuve rimé ne me pose aucun souci. L'épreuve suivante va requérir un certain doigté mais je pense pouvoir m'en tirer quand à ce qui est de me faire discret dans la cible que je vise. Mais la dernière me pose un soucis, déjà dans la difficulté de sa réalisation, mais aussi dans le fait que peu de possibilité logiques sont au finals intéressantes, trop peu de mots commencent par X, W, Z ou Y, oui, je n'aime pas devoir plier mon esprit dans des cases aussi petites.

Je me dresse fièrement et laisse se dessiner sur mon visage un sourire de conquérant, et m'exprime d'une voix claire :

« J'ai compris vos règles et les accepte. Quand à l'épreuve à interjeter, j'ai effectivement un reproche à faire. Ici est un champ de bataille, où nos langues sont nos épées et nos esprits nos armures, et ainsi les épreuves doivent être celle du guerrier. Si la première teste la technique et la vitesse de réaction, et la seconde la ruse indispensable à tous ceux qui veulent survivre, la dernière n'évoque pour moi qu'un exercice d'escrime inutile et inutilisable. Une sophistications qui n'a pour but que de flatter l’ego du maître d'armes qui l'a inventé et qui fait joli dans une démonstration, mais qui n'est rien de plus qu'une belle coquille vide. Des qualités indispensables aux hommes d'actions, nous n'avons encore cité ni la force ni l'endurance. »

Je ne laisse pas un temps de réaction au trio, et je pose le pied sur la table, poussant mon avantage même sur le plan physique, et je regarde fixement la femme dont je viens d'écarter l'épreuve, et dans un superbe crescendo, ma voix s'élance pour lui signaler son défi et son exemple :

« Alors mille milliard de tonnerre de Brest, aurez vous l'endurance de me suivre dans ma course sans répéter, ni de vous ni de moi, les insultes passés, et ajouterez vous assez de force aux jurons qui seront ici prononcé ? Vous plierez vous de peur tel un vulgaire insecte pris dans la toile d'une araignée bien plus grosse lui ? Serez vous l'inconsciente qui se pisse dessus dans le noir après avoir elle même éteinte la lumière artificielle qui semblait tant la rassurer mais qui n'est rien d'autre en définitive qu'une simple flamme que la plus modeste brise peut souffler ? Vous n'êtes qu'une gamine qui s'est infiltré dans la cour des grands, une âme perdue qui n'a pas compris les forces qu'elle a déchaîné se livrant seule et sans défense à ses bourreaux. L'odeur infect qui vous accompagne est celle de la peur, petite idiote.. Votre soit disant langage acéré, ne ferait même pas rougir le môme trop bien éduqué d'un des grands électeurs. Votre œil vide et morne, ferait passer le regard d'une carpe pour celui d'un philosophe. Je ne serais étonné que votre mère se soit jeté du haut d'un balcon le jour où elle a vu qu'elle avait porté en son ventre une horreur pareil, qui trouverais sa place dans la galerie des monstres d'un cirque. Le premier homme qui vous a pris doit crouler sous l'or des réparations que vous lui devez pour lui avoir commis une telle infamie. Vous laisserais-je sans voix ? Oh que non, j'espère bien pour mon plaisir que vous crierez, tel la putain de bas étage que vous êtes dont la simulation ne convainc personne. »

Admin Messages : 7168 Date d'inscription : 20/09/2009

La figure de la capitaine s'empourpre lorsque tu la prends de court et lance les hostilités immédiatement. Ses camarades ont un regard à la fois surpris, admiratif, excité, outré et impressionné. Tout ça à la fois, un cocktail d'émotions dont on retrouve vite les ingrédients dans la foule qui a cessé progressivement ses activités pour se tourner vers votre tablée.

Lucy, elle, a un sourire fier et, tu peux le sentir, commence à te dévorer des yeux malgré elle. Sa distance froide et artificielle vole en éclat aussitôt. Quelque part, elle te fait l'effet du véritable enjeu de cette joute verbale.

Les pirates font râcler leur chaise par terre, certains font tomber les cartes de leur manche sans s'en soucier davantage et commence à se rassembler autour de la table.

Tu entends pêle-mêle "Vont causer jolie les trois !", "z'avez vu ce qui lui a mis à la Marie-Jeanne !", "elle va l'bouffer", "c'est qui sait la baffer le p'tit nouveau".

La capitaine reprend un peu contenance bien qu'elle soit ébranlée par ta première salve. Elle ne peut reprendre ni thèmatique, ni aucun mot que tu as utilisé par avant. De plus, elle doit aller crescendo par rapport à toi. Ta manoeuvre est maligne car tu choisis une épreuve ou le premier a un avantage évidemment... ce qui n'est pas pour déplaire à un public de flibustier !

"Parles-tu au moins de ce que tu connais ? Celui qui ne porte pas d'épée a-t-il jamais vu un fourreau ? Il veut élever ses insultes mais les rabaissent vite sous la ceinture, le cuistre, parce que c'est là qu'il y trouve le plus d'espace de créativité. Oui votre imagination doit bien compenser quand elle regard par le bas ! Mais, je relève ! Remontons donc : regardez-le. Cheveux gris le vieux garçon, mais vert dans l'arène face à la reine des vers, trop blanche la chemise, sans tâche, sans teint, transparente pour ne laisser rien voir, ni tatouage, ni cicatrice, rien qu'une pilosité pré-pubère. Tu n'es qu'un fantôme du verbe, déjà six pieds sous terre, pied-tendre à six sous," dit-elle en désignant ta botte sur la table.

"Tu veux monter encore ? Va donc à l'étage, ta chambre t'y attend ! On te trouvera un mignon à mécontenter. Ou plus haut, retourne donc dans ton hunier ! Mais on voit que tu n'as jamais mis pied sur une planche et tu viens réclamer passage sur mon navire ? Je te ferai connaître ta première et ta dernière, suspendue au-dessus des flots aux requins et après que tu aies fini de cracher ta bile - la vraie, pas les crachats immondes que tu prends pour des mots - tu reprendras la route que tu connais si bien : celle vers le bas. Tout au fond, rejoindre les sèches, d'ancres lestées, car déjà tes encres sèchent. Retestent-les !"

Le public apprécie cette riposte mais tu sens que leurs vivas sont moins forts pour elle que pour toi. Tu es encore au-dessus suite à cette passe d'arme et déjà en position de lui fournir l'estocade finale. Les marins se sont rapprochés avec leurs boissons à la main et rient grassement en fixant leur regard sur toi. Quelque part... il veulent que tu gagnes, car ces marins sont toujours du côté du plus fort.

J'encaisse la deuxième volée passivement, sans quitter ma position, ne laissant qu'un sourire franc me dévorer le visage, signe de mon assurance de victoire. Le plus important dans ce duel n'est pas de gagner contre elle, c'est d'obtenir le soutien du public, et malgré sa remarque sur le fait que je sois obligé de descendre sous la ceinture, elle s'attendait à quoi ? L'assistance est formé de marin qui chanteraient sans doutes des chansons paillardes en ce moment même si ce défi n'était venu animer le troquet. Elle est sans doute juste déçu de ne pas pouvoir utiliser ce thème qui fait toujours son effet, bien qu'elle se soit attardée sur mon apparence.

Je sais rester détaché du flot de propos haineux qu'elle m'envoie, c'est bien j'ai réussi à retrouver le bon contrôle de mes émotions, j'aurai cru qu'avec Lucy qui me regarde et ce qu'il s'est passé avec Hugues je ne serais pas en état d'improviser un spectacle, mais il faut croire que je suis plus fort que ça. Peut être aussi que j'éprouve simplement un peu trop de plaisir dans la manipulation. Alors que sa voix annonce la fin de son discours j'entame un rapide tour du cercle qui s'est rassemblé autour de nous.

Je passe en faisant face à la foule et en roulant des yeux avec un grand sourire, tout en faisant attention a ce que mon dos soit toujours tourné vers celle qui a cru pouvoir me répondre dans une joute verbale. Mon expression signifie une chose, un message aisément compréhensible via mes traits. C'est l'expression taquine de quelqu'un qui met dans la confidence, individuellement, chacun des membres de cette assemblée. « La pauvre, je la plaindrais presque pour ce que je vais lui faire subir », voilà le message que j'adresse muettement à la foule, lui signalant toute mon assurance pour les gagner à ma cause.

Quelqu'un qui pense déjà être sur de quelque chose déformera ses perceptions pour l'accepter, c'est un phénomène que beaucoup ont expérimenté en ayant été voir des films après en avoir lu la critique. Partir avec un avis définit déjà par quel bords tu va voir ce qui va se passer. Enfoncer ainsi l'impression de supériorité en ce moment m'aidera à les convaincre plus facilement de la réalité de cette supériorité.

Je finis mon tour et atterrit de nouveau devant mon adversaire, qui doit fixer mon dos. Je me retourne vivement, repose mon pied sur la table, mais cette fois je me penche pour rapprocher mon visage du sien, tout en le maintenant plus haut, montrer mon agressivité et je commence :

« Tu m'invite à m'élever, alors je saurai voler au dessus de toi, et descendre quand il le faudra. Il faut bien, après tout que je m'abaisse à ton niveau si je veux te frapper et, bonne déesse, que la terre est basse. Tu semble bien plus décontenancé par mes propos que je ne le suis par les tiens. Lève les yeux que je te parle, regarde-moi et fait le travail toi même plutôt que de t'en remettre à la sécheresse éventuel de mon encre et aux poissons pour t'occuper de moi. Tu fuis déjà le duel alors que tu n'a porté qu'un coup d'épée dans l'eau ? Il faudrait que je sois ligoté et au bout d'une planche pour que tu oses te mesurer à moi ? Même venant d'une femme je me serais attendu à plus de couille de la part d'un capitaine ! Mais là c'est entre toi et moi. Tu serpentes, tu siffle, tu retarde l'échéance, mais te voilà déjà en position de faiblesse, tentant de prendre de haut celui qui menace de lui porter l'estocade final pour lui faire croire tu n'est pas déjà finie, alors que ta manche ne contient plus d'atout. Tu annonce ma mort mais m'a tu seulement égratigné ? Le guerrier qui n'a pas de cicatrice est celui que l'on a pas encore réussi à atteindre. Vois ! Je suis devant toi, alors qu'attends-tu pour me faire mal ? Ton arme serait-elle à ce point émoussé de n'avoir jamais réussi à blesser personne ? Sens dans ton dos le froid de ce mur qui t'empêche de reculer, et prends la seule autre échappatoire. Puisque t'enfoncer est ta seule réponse, creuse ton trou, reine des vers, enfouis toi dedans, et maintenant, SILENCE ! »

J'utilise de nouveau un crescendo pour ma voix, avant de la faire exploser sur le mot final, pesant de tout mon poids sur la salle, affirmant ma présence, tandis que je suis me suis détaché de mon adversaire, à présent je dresse fièrement la poitrine, me fait le plus haut possible, et faisant en sorte que ma stature en impose malgré ma maigre corpulence.

Admin Messages : 7168 Date d'inscription : 20/09/2009

La foule exulte, se gausse, explose alors que la capitaine cherche à se donner contenance. Elle n'arrive pas à calmer les marins qui continuent de frapper dans les mains et de vociférer. Elle tente de démarrer sa réplique mais n'arrive pas à élever sa voix pour surpasser la clameur. Oh, elle tente bien d'annuler le combat en braillant "il a repris la thématique de la planche, il est hors jeu messieurs !" mais les règles n'ont de valeur que pour les gagnants dans cet estaminet. Tant que tu as le plébiscite de tes juges ivres, tu peux te permettre de contorsionner les règles.

C'est le capitaine Ricketti qui met finalement tout le monde d'accord en tirant sur la choppe d'un des soulards. Le brouhaha se sèche nettement tandis que le pirate blond et largement barbu se lève :

"Si fait, les gars, notre bredouilleur a remporté son premier défi. Mais il s'en faudra de bien plus pour qu'il gagne sa partie. Il aime commencer ? Et bien qu'il serve le jeu le coquin ! Lance ta première insulte sur laquelle je devrais rimer. Et ne crois pas échapper à nos juges qui savent reconnaître les sons dissonants malgré des tympans alcoolisés."

La foule lance des "ooooooohhh" qui préfigure une bataille terrible. Les regards se braquent sur toi à nouveau. Il faut être concis et précis. Plus de moulinets et de feintes cette fois, mais une franche estocade rapide !

Et c'est ainsi que je fais se lever l'audience dans un brouhaha enthousiaste. J'ai remporté la première manche de façon plutôt aisée. J'ai pris un risque à la fin, mon « dos au mur » était de la même veine que la thématique de la planche, mais justement, cela fera forcement réfléchir la capitaine et la fera se bloquer sur ce point comme je peux le lire sur les lèvres qu'elle remuent sans pouvoir se faire entendre, et pour autant passer auprès des marins dont je suis sur que la moitié ont déjà oublié les règles, et ne sont là que pour nous entendre nous entre-étriper avec nos mots comme seuls armes.

Le capitaine barbu se lance dans une intervention qui passe très bien la transition, et le laisse sur un avantage. Ainsi si commencer de façon abrupte comme je l'ai fait la dernière fois dénote ma confiance et surprends les spectateurs pour les amener avec moi dans mon envolée, le fait de se lever et de calmement m'inviter à commencer, fait porter l'attention plus sur l'acteur qui est passif, ainsi il me pose la difficulté de commencer en premier sans idée sur laquelle rebondir, tout en s'assurant que les marins entendront mes échecs mais prêterons la sourde oreilles a mes victoires pour cette première tirade.

J'apprécie le mouvement, et je lance un bref demi sourire au capitaine. En moi se tasse encore la joie de la première réussite, auxquels se mélange l'excitation de participer à ce nouveau jeu. Mais je ne dois point hésiter pour l'instant, si je passe encore pour l'instant réfléchir plus pour le style que par manque d'idée, je ne dois pas m'éterniser plus longtemps et me dépêcher d'encocher mon premier Alexandrin :

« Mais êtes vous vraiment préparé à fuser ? »

Quittes à rester dans les coups d'envois, autant lui retourner la politesse tout en m'assurant de rimer même à sa prose.

Admin Messages : 7168 Date d'inscription : 20/09/2009

Il sourit à s'en étirer la barbe dans un coin anguleux de son visage taillé à la serpe.

"A t'allumer, que-oui ! Je vais t'expédier.
Sans or sur toi, tu dégages : cette île n'aime pas les pauvres."

L'enfoiré. Il n'existe aucun mot qui rime avec pauvre. Tu sais qu'il y a trois mots seulement sur lesquels on ne peut pas rimer et "pauvre" est l'un d'entre eux. Avec ton adversaire, tu es le seul de l'assemblée à le savoir. Tous attendent ta réplique, certains lèvent les yeux en cherchant un mot qui irait bien.

Il va falloir tricher... ou concéder cette manche. Après tout, il te suffit de gagner la majorité des épreuves pour avoir un laissé-passé.

J'aurais du la voir venir à 10 kilomètre celle là, avec quatorze, elles sont les deux rimes qui m'imposent un blocage. Je laisse un sourire mi figue mi raisin apparaître sur mes lèvres, et la signification en est évidente, je viens de recevoir un coup bas. Mais quels étaient les règles déjà, de rimer et c'est tout ? Je vois donc déjà 4 portes de sortis, l'une impose de jouer cartes sur table et de risquer une opposition massive, et c'est d'utiliser une autre langue que le centilien pour contourner cette difficulté. Une autre est d'utiliser un nom propre. Il y a aussi la possibilité d'enjamber un mot sur 2 vers. Et enfin la dernière est de répondre en demi-teinte avec une rime pauvre, ici avec « vre ». Elles vont requérir la mise en scène approprié quoi qu'il se passe.

La deuxième solution est la plus risqué pour le moins de récompense possible, quoi qu'il se passe le public va pas apprécier. La première ne doit me servir que de coup de poker. La troisième est vraiment trop capillotracté, mais je rechigne à l'emploi de la quatrième. Elle va me laisser en position de faiblesse, après tout ce n'est pas parce que les règles ne forcent pas à la rime riche qu'il ne va pas être pénalisant de devoir recourir à une rime pauvre.

Il faut donc que je me tire de ce pas avec l'aspect qui m'a fait gagner le premier duel et qui fait que les pirates sont sans doute majoritairement de mon côté pour l'instant. Ils ont sans doute bien aimé ma seconde réplique et sont passé au dessus de mon étirement de règles, c'est donc le côté où je retourne un adversaire qu'il apprécie, ainsi que mon arrogance en chaque situation, et si je reprends les mêmes thématiques.

Je ne perds pas ma composition et me redresse, laissant la tête légèrement penché sur le côté, toujours ce sourire contrit sur mes lèvres, j'effectue une transition de droite à gauche de ma tête penchée, observant droit dans les yeux du capitaine avant de m'exprimer avec force :

« Couard ! L'impasse force à la rime pauvre, mes lèvres... »

14 syllabes comme lui en accélérant le couard et en accentuant le « vre » de pauvre et de lèvres. Petite pause pour marquer le changement de syllabe et le fait que je prépare un enjambement. Je reprends avec une voix plus douce, mais non moins tranchante. Une voix de constat.

« Dénoncent ton procédé. Va tu après fuir avec « Quatorze » ? »

16 syllabes, j'augmente de deux par rapport à la précédente dans le même style que lui, lui retourne une impossibilité, et souligne de façon très évidente l'existence de mot auxquels on ne peut apposer de rime riches tel que "Quatorze" et "Pauvre" et que son utilisation de tel mot indique qu'il a peur de m'affronter à la loyale. Certes au niveau des règles j'ai sans doute utiliser un coup faible, mais ces pirates n'ont que faire de celles-ci. J'espère donc qu'ils apprécierons plus le contenu de ma réplique et susciter leur intérêt ou faire leur faire perdre celui pour mon adversaire.

Admin Messages : 7168 Date d'inscription : 20/09/2009

Ses dents jaunâtres tranchent la broussaille sur son visage. Sa réplique fuse aussitôt :

"Tu zozottes ? Cheveu sur la langue, menton imberbe mais tu bombes le torze..."

18 pieds. Il contorsionne aussi les règles pour s'en sortir.

"Non, je ne fuis pas. Je tranche. Toi, tu ne fais que copier mes bottes. Pardonne-le Kaen !"

20 pieds ! Et il finit par un autre mot impossible à rimer, l'un des rares noms communs qui puissent être autorisés dans la compétition. Trouver une rime en "aïne" va être une autre gageure. Le public est surtout plus sensible à ses frasques qui t'insultent tout en respectant la règle.

Tu peux tout à fait concéder cette manche aussi et tout miser sur la dernière. Ricketti est presque certain de sa victoire. Lucy a énormément de mal à suivre et compte les pieds sur ses doigts tandis que Hugues, comme toi, sais très bien où vous en êtes. Il te regarde intensément, comme s'il avait un mot pour t'aider. Un mot qu'il te faudrait lire dans son esprit évidemment... Tricherie ? Non... piraterie. Mais tu as peut-être l'honneur plus farouche que cela...

Ainsi, il veut jouer selon les règles orales, il prends même plaisir à annoncer sa botte avant de la lancer. Soit, si il veut jouer il trouvera bien affaire à son maître. Je ne suis pas aussi redouté comme orateur que parce que je sais aligner les mots. Je sens l'esprit d'Hugues qui tends vers moi, et si je me surprends un instant à penser que puisqu'il s'agit d'un de mes personnages, ce ne serait pas vraiment tricher que de me servir de lui, mais ma fierté rejette violemment cette idée. Je dois m'en sortir seul, même si je dois recourir à un faible tour de passe-passe.

Je prends une position corporelle en retrait, mais toujours insolente et confiante, celle de celui qui se recule pour mieux attendre que l'ennemi pose son pieds sur le piège que je viens de laisser au sol. Je débite très rapidement mon vers de façon monocorde, mais en laissant paraître une légère pointe d'animosité :

« Qu'importe que tu éteigne, dépeigne, feigne, enchaîne, même blême tu saïne »

L'allitération en n, sur sa variante « gn » et sa présence seul devant une sonorité en « è », a un rythme aussi rapide masquera, je l'espère, la petite supercherie que j'emploie. Tous m'auront entendu finir sur le même son que mon adversaire, et les quelques marins bourrés qui chercheraient à se répéter la phrase dans leur tête finiront aussi par buter, peut être même avant, et commettre ce mélange des deux sonorités. Mon adversaire aura bien évidemment saisi la tricherie, mais il ne peut pas se permettre d'arrêter le duel pour souligner mon erreur. C'est ce qu'a tenté la précédente, mais elle n'a même pas été entendu, il devra continuer, jusqu'à ce que l'un de nous tombe à court de ruses pour contourner les règles sans les briser ouvertement.

Je ne laisse de toute façon pas le temps d’émettre une quelconques remarques, ou aux marins de noter l'exercice auxquels je viens de me livrer, je laisse échapper un sourire carnassier, possesseur et continue sur :

« C'est alors que te voyant ainsi, gisant sans voix, je signerais ton navire de mon triomphe ! »

Le duel pourrait durer longtemps, et si je ne suis pas mécontent de ce petit exercice, je ne suis pas là pour jouer avec les esprits de pirates éméchés, mais bien pour rejoindre la quatrième couronne et prendre part aux révoltes qui y ont lieu. Ce paragraphe n'est qu'une étape de transition et il est bien temps de la finir. Mon esprit vient toucher celui de mon adversaire, et afin qu'il comprennent bien ce que je souhaitais dire par là, je m'immisce subtilement dans sa mémoire et fais resurgir ce que son esprit pourrait bien imaginer à propos de ma rime. L'image d'un Locke Eckhart à la barre de son navire, arborant fièrement sa tenue de capitaine, et le pavillon de son navire, mis à bas, remplacé par le mien. Je ne peux imaginer de pire affront à faire à un capitaine, et j'espère bien que cette image pernicieuse qui vient de s'imprimer dans son esprit le dépossédera

Admin Messages : 7168 Date d'inscription : 20/09/2009

Ta ruse fonctionne très bien avec les marins qui se font totalement flouer par ta feinte tandis que Ricketti plisse les yeux de rage. Sans doute avait-il prévu de te reprendre si tu avais utilisé le mot "cocaïne" mais tu lui viens de lui couper l'herbe sous le pied !

Enfin, tu attaques avec un autre mot sans rime couplé à un vision psychique qui achève de le perturber. Sa bouche commence à bouger mais aucun son n'en sort pendant un moment.

"Mon... Mon navire... Ah ! Toi, tu... n'es même capable d'écrire si ce n'est les onomatopés du mousse qui brique un pont "umpf, umpf" "

Son vers n'a aucune rythme, aucun charme et le public désapprouve aussitôt la facilité de son trait. Ricketti tente de lancer un autre vers tout de suite derrière pour se rattraper mais déjà les marins grognent et jettent leur cervoises et restent de légumes au capitaine à la barbe. C'est finalement le dernier capitaine, à la barbiche blanche et aux cheveux longs et ondulés qui se lève pour calmer tout le monde en levant les mains.

Il se lève pour ôter son riche manteau de borderies qui révéle sa chemise impeccable et fait le tour de la table pour regarder les marins dans les yeux un à un afin de reconquérir la foule.

Lucy a un sourire éclatant suite à ta dernière victoire tandis que Hugues a un regard plein de fierté. Tu les sens prêts à laisser exploser leur joie mais ils doivent encore se contenir car les marins commencent à scander le nom de ton prochain adversaire. "Bouge-lance ! Bouge-lance ! Bouge-lance !"

Il semble être le plus populaire de tous et savoir qu'il ne pourra pas te vaincre s'il ne regagne pas la foule que tu as séduite grâce à tes deux prestations.

De nouveau, Bouge-lance fait signe à la foule de se calmer. Puis il se tourne vers toi et te toise :

"Sale soirée pour la capitainerie, oui-da, mes bons messieurs, il va nous falloir une troisième manche. Petite anicroche dans ce tournoi où deux manches maximum ont toujours suffi. Fouine du mieux que tu peux dans tous les recoins de ta tête, sir Locke, car voici ta dernière passe d'arme mais, étant magnanime, je te donnerai quelques conseils pour l'affronter :"

Il compte sur les doigts de sa main en s'adressant autant à l'assistance qu'à toi, tout en marchant autour de la table.

Dégage-toi de ton feutre, de un, mets-toi à l'aise car il faut un torse dégagé pour bien parler. De deux, prends ton temps et ne soit pas agressif plus qu'un gentilhomme pirate ne doit l'être. Mon troisième et dernier conseil est de réfléchir dors et déjà à d'autres ports qui pourront t'accueillir après ta défaite promise.

Tu remarques que depuis le début, il emphase fortement le début de chacune de ses phrases.

"Port Grand Phare n'est guère loin, pour peu que tu saches nager sur quelques centaines de miles... Mais peut-être qu'un de ces bons gredins dans l'assemblée y mouillera bientôt et pourra t'y emmener. Je gage que ta prestation grandiose n'aura pas manqué d'attirer leur sympathie. Garde-toi tout de même de croire qu'ils feront cette course gratuitement. Ta gloriole d'un soir ne leur fera pas oublier que seul l'or achète encore le vin et les pucelles. Pucelles, d'ailleurs, que je te recommande pour fêter ta futur défaite. Pour laver le goût amère de la défaite, quoi de mieux qu'une femme ? La bière et le rhum sont aussi de bons remèdes mais je doute que tu favorises ces boissons. Donnez-lui une chopine de vin, Tavernier ! A un dandit tel que toi, ce doit être la seule bibine qui convient. Mes conseils maintenant donnés, nous pouvons commencer la bataille... mais elle a déjà commencé ! Hommes et enfants, l'auront tous compris, sauf toi, que depuis le début je n'ai fait que t'insulter car en reprenant le début de chaque phrase, tous auront entendu mon trait !"

Les marins ont en effet suivi le subterfuge grâce à son intonation. Tous applaudissent et sifflent la prestation du Capitaine et reprenne leurs vivas "Bouge-lance !, Bouge-lance !". Le capitaine se tient droit face à toi, les mains dans le dos en bombant légèrement le torse avec un sourire de satisfaction et un regard de défi.

Oh, une bande de mauvais perdants à ce que je vois, qui ne supportent pas leurs défaites, et appellent à tout miser sur la dernière manche. Et bien soit, je ne me retirerais pas, ni ne chercherais à discuter. Il a sans doute peu d'espoir que je le fasse, mais il sait que cela me discréditerais auprès de ses hommes dans la faible éventualité ou je tomberais dans le panneau. Il marque son avantage, et le soutien de ses hommes semble lui être acquis d'avance. Alors que sa tirade se continue et qu'il m'en révèle l'astuce, bien qu'évidemment annoncé à partir de la troisième emphase, j'avoue que ce n'est pas ainsi que je voyais ce défi, mais si c'est ainsi qu'il faut le jouer alors soit. Je pensais qu'il s'agissait de subtilité, mais il s'agit en fait de camouflage, voilà qui m'enchante. L'endurance sera aussi primordiale dans cette bataille, car je suppose que si jamais elle doit continuer, l'on ne devra jamais reprendre les astuces utilisés, chaque buissons métaphorique derrière lesquelles nous nous dissimulerons devront être considéré brûlés une fois que l'on s'en est dévoilé.
Je ressens malgré tout au fond de moi une certaine excitation, on vient de me dérober ma victoire, mais on m'en fait miroiter une plus grande encore. La flamme de mon cœur lèche embrase mon être d'un sentiment de fierté, et je sais au fond de moi que l’adrénaline du combat est une addiction a laquelle je n'ai même pas envie de résister.

Bien maintenant que je connais les règles, que le duel commence :

S'il se pavane et se redresse, je laisse ma posture s'effacer et se reculer un peu, mais la tête le fixant toujours droit dans les yeux un court instant, avant de regarder ailleurs comme si de rien n'était. J'agis de façon désinvolte, volontairement, et hausse les épaules en émettant le soupir du désespoir d'un précepteur qui n'arrive pas à faire comprendre quelque chose à son élève, décidément trop idiot.

J'emploie un ton amical et comme lui je souligne fortement certains de mes mots afin que ce soit ceux là qui soit reconnus et identifiés par l'auditoire, qui tournera sa réflexion autour. Seulement, j'ai un autre but et une autre astuce à utiliser :

« Je saurais me montrer bref dans ma réponse et par un échange de bon procédé je saurai te dispenser quelques conseils moi aussi dans la façon de menacer tes adversaires.
Premièrement, Ce duel n'est rien de plus qu'un simple amusement, et on peut sûrement mieux le qualifier autrement.
En second, tu parle beaucoup de « faire » mais tu n'emploie que le futur.
Troisièmement, souviens toi du nombre d'adversaires déjà vaincu.
Quatrièmement, ne te tient pas aussi droit et fier, la moindre poussée vers le haut, comme le coup de pied dans ce derrière magnifiquement exposé, te ferai rentrer en contact avec le haut de cet immeuble.
Cinquièmement, ne t'attache pas trop à tes affaires, je pense pouvoir bientôt utiliser le possessif en parlant d'un certain navire, je pense que tu vois de quoi je veux parler.
Sixièmement, saches qu'aussi haut que ton esprit pourra s’élever, quelqu'un pourra toujours le regarder d'au dessus, et qualifier ainsi sa faible hauteur.
Septièmement, avant d'entamer le vin, nous aurions bien besoin, pour rafraîchir nos gorges, d'une bière ou quoi que vous l'appeliez. »

Je joins le geste à la parole et demande à l'aubergiste de la main deux chopines, avant de me retourner vers mon adversaire, l'air confiant, le sourire aux lèvres, certaines doivent déjà avoir vu où je veux en venir, j'ai intentionnellement laissé paraître très aisément la forme employé pour la façon dont je veux m'en tirer.

Je me repositionne en face de lui, mais assez loin, et laisse un sourire mutin pendre à mes lèvres.

« Quand à la somme des mes conseils, elle signifie juste que tu ferais bien de faire attention à ton attitude ou "Je(u) ferais de(ux) toi(t) mon petit mousse !" »

Je laisse échapper la solution de ma charade d'une voix tonitruante et agressive, et mon sourire pervers s’agrandit jusqu'à mes oreilles. Oh ces marins connaissent bien l'expression ! Je frappe bien de nouveau en dessous de la ceinture, mais ce n'est que justice dans ma réplique quand à son intention de livrer ma Lucy à ses homme, même si je pense que j'en aurai à redire sur son pucelage, mais ça c'est du détail qui doit rester intime.
Je ne recours pas de nouveau à l'astuce qui m'a permis de mettre fin au duel précédent, ma fierté ne me permet pas de me servir de cette arme au premier coup, même si lui a déjà sorti le contenu de sa manche et étalé sur la table son plus précieux atout qui est son rapport avec le public. Mais je dois gagner le passage avec ses pirates, et arriver à la quatrième couronne pour y ancrer dans l'histoire mes premières actions en tant qu'homme d'action.

Admin Messages : 7168 Date d'inscription : 20/09/2009

Bouge-lance fronce les sourcils de plus en plus pendant ta tirade, ne voyant pas l'insulte bien qu'il la cherche ardemment. Puis, tu donnes la clé de la solution et tire ton trait qui le fait soudainement rougir en même temps que toute la foule, silencieuse comme une meute d'enfants jusque là, n'exulte d'une seule voix.

Ce genre de clameur, tu ne l'as guère entendu que dans un stade qui exulte lors des Jeux Confédéraux. Les marins sont extatiques comme si leur cerveau venait d'exploser sous la virtuosité de ta botte. Les "Oh ma Déesse", "Woooooow", "Aye, Aye, Aye ! Bouge-lance s'est fait mousser !!" fusent autour de toi.

Lucy et Hugues laissent éclater leur joie quand soudain les trois capitaines tirent leurs épées de concert. Le brouhaha s'éteint rapidement alors que les marins se disposent autour de toi. Quoi ? Pensais-tu vraiment que ces gens avaient l'honneur qu'ils prétendent ? Lucy se serait-elle trompée du tout au tout ? Les dés étaient-ils pipés au départ ?

Hugues te lance des regards d'incompréhension, tandis que Lucy reste abasourdie, prise dans l'étau de la deséspérance.

Bouge-lance parle d'une voix forte :

"Alors comme ça le freluquet vient dans notre taverne sans culotte, le menton en l'air et, comme ça, s'attaque aux Grands Capitaines de la Lettre !"

Tous abattent leur épée... sur la table, devant toi, formant une étoile à trois branches.

"Sur qu'il s'est bien battu le bougre. Mais quel tricheur ! quel menteur ! sans vergogne, il a plié toutes les règles au lieu de se comporter en gentilhomme !"

"Et pour ça," lance la dernière sous son chapeau à long panache, "la sentence est claire !"

Ils attrapent fermement la garde de leur arme pour la lever en l'air et croiser le fer en déclarer d'une même voix.

"Nous te déclarons pirate et nouveau Grand Capitaine de la Lettre !"

Les flibustiers tirent quelque coups en l'air alors que Lucy souffle un grand coup. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] et les chopines se remplissent à nouveau. Les capitaines te hissent triomphe pour un tour d'honneur. Bientôt, tu as une choppe à la main toi aussi.

Le temps est aux libations !

Spoiler:

Sa mine rouge m'arrache un sentiment de contentement plus grand que de raison, et alors que la foule s'exclame autour de moi, je reste, faussement, imperturbable a ma place, savourant les ébats alentours.

C'est alors que les capitaines tirent leurs épées, et la foule sa calme au même moment où mon cœur fait un bond de panique. Je ne sais que faire alors je reste en place, bien que je resserre mes deux point dans mon dos. 3 adversaires, et ils sont sans doute de bien meilleur combattant que moi, même en les surprenant des mes pouvoirs, je ne saurais me battre contre eux. Il faut attendre de voir comment cela se passe. Le cercle des marins nous empêche de fuir de toute façon. Je ne cède pas à la colère, mais un stress m'envahit, envolé mon euphorie, tandis que gis ci-bas mes espoirs de mettre fin à une tyrannie.

Je les laisses terminer leur petit discours, questionnant de l’œil mes deux compagnons qui ne détachent pas les yeux pour me répondre. Point de secours morale, de réconforts muet, juste un desespoir ardent. C'est donc là mon ultime faiblesse, seul je ne suis rien. Tel un catalyseur, je ne fais rien par moi même, et suis soumis à la volonté du monde extérieur ?

Mais je n'ai pas le temps de m'apitoyer sur mon sort qu'un soulagement parcoure mon être lorsque les pirates croisent le fer entre eux et approuvent ma victoire.

Le temps revient alors au vivat et aux bruit, et alors que la foule me porte, je descends sans cesse une chopine qui semble ne pas vouloir se vider. Alors que la bière semble de plus en plus délicieuse et de moins en moins désaltérante à mes papilles fatigués par la saveur de l'alcool mais qui demandent à ce que je le flux continue, je me laisse aller à l'ambiance festive de la taverne, et anime la conversation de traits de s'affinant à la mesure que du trouble grandissant de ma vision et du tangage de ma conscience qui commence à se faire aussi violent que les vagues que j'aurai à affronter pour rejoindre ma destination.

Alors que je m'assoie finalement, mes jambes lasses d'avoir dansé sur les tables, et que le verre de rhum qui s'annonce comme le premier « verre de trop » de la nuit touche mes lèvres, je laisse voguer mes pensées vers la deuxième couronne. Je lève mon verre, seul, à l'éditeur que je vient de perdre, aux événements récents. Ma vie entière vient de s’accélérer d'un seul coup, et jamais je n'aurais imaginer finir ici, au milieu des forbans, a gagner mon passage au moyen de mot vers une terre qui souffre en cherchant à atteindre mes idéaux. Et pourtant me voilà ici.

Je cherche des yeux mes compagnons, je suis pris d'une envie dévorante de me tenir en compagnie de ma chère et tendre Lucie, en espérant pouvoir me montrer plus compréhensif de l'état de ma relation maintenant que l'alcool embrume mon esprit. Mais ce sentiment n'est peut être pas aussi grand que la curiosité immense qu'est Hugues, comment est-il là, que fait-il ici, et surtout s'agit-il vraiment du Hugues de mes écrits, dont je tiens le destin entre mes mains ?

Mais cela peut sans doute attendre demain, oui cela devra sans doute attendre demain, je me sens fatigué, bien plus que je ne devrais l'être, et il est sans doute temps pour moi de faire un somme, peut être même là sur cette chaise, après tout si le sommeil vient me saisir dans sa douce étreinte maintenant, quelqu'un transportera bien mon frêle corps jusqu'à un coin plus décent, il n'y a de toute façon que peu de richesse à saisir sur moi, si ce n'est mon stylo.

Admin Messages : 7168 Date d'inscription : 20/09/2009

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C'est la chaleur qui te réveille. Nul coussin sous ta joue mais quelque chose de dur et arrondi plutôt. Le jour est levé et le soleil ta tape copieusement le dos. Par-dessous un mal de crâne naissant, la première chose que tu te demandes, c'est combien de temps tu es resté à cuire et si le coup de soleil promis va être aussi terrible que tu l'imagines.

Il l'est.

Tu remues un peu en changeant ta joue d'appui mais ce simple mouvement te fait perdre... ton équilibre ? Tu glisses et te rattrapes des deux mains au canon sur lequel tu somnolais. Ta conscience émerge un peu plus vite sous ce petit coup de pression.

Le canon fait des mouvements de haut en bas sous l'effet de la houle. Le tube de fonte noir sort d'un sabord grand ouvert au-dessus duquel est écrit en peinture rouge le nom du galion : Le Traquenard.

Une mouette couine sur ta gauche. Depuis un bitte d'amarrage, elle te toise de son regard vide et lance une nouvelle fois son cri stupide. Etrangement, tu te sens soulagé que le bateau ne soit pas en mer mais bien arrimé aux quais. Tu t'aperçois que le volatile avise ton bas-ventre et remarque aussitôt qu'il te manque ton pantalon mais pas ton sous-vêtement bienheureusement.

Tu regrimpes sur ton perchoir d'une nuit et retrouve ton vêtement en travers du bastingage de bois. Là où tu l'as sûrement laissé avant d'aller te coucher. Tu te hisses vers le sommet de la forteresse de poupe qui n'est pas très haute pour découvrir le pont de commandement. Le dock est couvert de marins endormis, pour certains une bouteille à moitié vide à la main, qui roupille sans ménagement.

Tu plisses le visage, ce qui te fait ressentir un légère douleur sur le nez. Il doit être rouge et cuit lui aussi ! Des vois se font entendre : quand tu marches vers l'escalier qui mène au pont principal en enjambant les flibustiers assoupis, tu vois Hugues et les Trois Capitaines par terre, adossés au mât principal, en train de deviser gaiement, quoi que d'une voix fatiguée, en se passant les restes d'une bouteille avec des gestes las.

Nuit blanche pour eux assurément.

Ils se rendent compte de ta présence et écarte les bras avant de se relever avec peu d'énergie :

"Aaah, le voilà notre canonnier ! Bien dormi ?" demande Ricketti.

"Peu surtout" est une des réponses qui pourrait convenir tant tu te sens fourbu.

Le mal de crâne m'indique que j'ai définitivement abusé sur la boisson local, tandis que mon dos brûle sous le soleil de cette journée naissante. Je suppose que la soirée d'hier a été bonne, je ne me souviens pas d'être sorti, et pourtant je sais que cette brûlure est due à la morsure prolongée du soleil sur ma peau nue.

L'heure est au réveil et à l'estimation des dégâts, aujourd'hui sera une grande journée et je dois régler les détails de mon départ avant de … Woh, Woh, Woh. Alors que je tente de prendre appui sur ma couche temporaire, un faux mouvement me fait glisser de celui-ci, et ce n'est que par un reflexe que je ne me connaissais pas que j'arrive à me rattraper à la bouche d'un tube de fer qui visiblement a constitué mon lit pour la nuit. La soirée a été encore meilleur que je ne le pensais.

Je reste suspendu là un moment, cherchant à rassembler les maigres souvenirs qui n'ont pas disparu de mon esprit, tandis que j'assure ma prise sur ce qui m'empêche de basculer à la mer et qui semblerait être un canon, fonctionnelle qui plus est si j'en note l'odeur de poudre qui l'accable et que mon nez n'a de peine à sentir malgré les embruns marins. Je note que malgré mon état d'ébriété, le Locke Eckhart éméché qui a pensé à s'installer sur un canon pour la nuit, à tout de même pris soin de se mettre presqu'à nu, et ne gardant que ses sous vêtements. Je plisse les yeux à cette pensée et mon nez me brûle, signe que je n'ai dormi que trop longtemps. Raah que je déteste les coups de soleil à cette endroits, la douleur se ravive en permanence au moindre mouvement de sourcil.

Les efforts à réaliser sur mes bras peu habitués aux activités sportives m'aide à dessaouler bien plus rapidement que ce que j'aurai pu espéré, et lors qu’au bout d'une bonne minute d'effort j'arrive à me hisser debout de nouveau sur mon perchoir sans cesse mouvant au gré des vagues, j'exhale un soupir de soulagement. Je dois dire que j'ai pas un bon souvenir de la dernière fois que j'ai été suspendu dans le vide. J'avance à quatre pattes pour rejoindre l'intérieur du vaisseau, et y récupère fort heureusement mes vêtements.

Après avoir remis en place mon pantalon, mes yeux m'offrent une scène des plus pittoresque, où une fresque de marin endormi s'étale sur un pont de bois impeccable, et au loin les voix des quelques personnes encore debout se fait entendre.

Je rejoins la mat principal ou les trois capitaines et Hugues semblent constituer les survivants de la soirée, et Ricketti s'adresse à moi.

« Je n'ai pas connu de sommeil plus réparateur depuis la fois où l'on m'a accroché tête en bas à un arbre si vieux que son écorce était aussi dur que du diamant. Dites donc, c'est un sacré Traquenard dans lequel je me suis retrouvé ! Quand pourrais-je retourner la situation à mon avantage ? »

La pique est faible, mais l'esprit est fatigué, je me tiens toujours debout, mais ce n'est pas l'envie de m'asseoir qui me manque.