Tome 3 : Je suis l'enfer; Episode 9 : Hécatombe (Gabriel)

Admin Messages : 7168 Date d'inscription : 20/09/2009

La route est cahoteuse, boueuse. Vous dépassez quelque soldat à pied alors que vous appréciez être protégé du vent quelques instants. Les essuies-glace balaient frénétiquement la vitre avant mais ne vous permettent guère d'avoir une visibilité correcte.

Un message vous parvient sur les com'unix.

Gueule-De-Fer a écrit:: Visuel sur le Sage et Staft. La Matière est avec eux.
Staft, capturé ou traître. Statut à vérifier.
Mathilde toujours avec moi.

Coordonnées : 235,498W 019,934S

Rapidement, vous comprenez que ce lieu est à un kilomètres devant vous, mais déjà des flashs crépitent au loin. Des tirs provenant de l'espace aérien à trois cents mètres et fondent sur les soldats d'Iyo. La radio crépite :

"On a des poches de résistance. Des drônes aéroportés. On devrait les éliminer facilement mais restez vigilant."

Marianne fait une embardée pour contourner la zone de feu. Elle prend regard en biais, toujours avec ce fond d'inquiétude.

"Tout à l'heure, sur le tour-de-ronde, ce que tu m'as dit... Tu le pensais vraiment ? Je veux dire... toutes ces choses que tu avais encore à me dire..."

Toujours cloitré dans le noir total du fait de mes yeux fermés, je suis concentré pour récupérer ma respiration. J'inspire et expire moins chaotiquement en fermant la bouche et en utilisant mes narines. Je prends de grandes inspirations.

Je laisse Marianne gérer la route et les informations lorsque j'entends le comm'unix vibrer. Sa voix me sort de ma léthargie passagère. Malgré ma fatigue je sens mon coeur qui se calme peu à peu se réchauffer. Un demi sourire m'échappe. Il n'y a pas à dire, je suis raide dingue de cette femme. Tout ce qu'elle dit, demande... pour ce qui est de notre relation personnelle me touche et me donne l'impression de vivre, de m'embraser. Elle est tellement... Parfaite à mes yeux.

... Tout.

Tout était... vrai. Je le pensais... Quand tu m'as enlacé...J'ai cru que mon sort était scellé...Que j'allais mourir et que je te laisserai seule...Et... La seule... uff... pensée que j'ai eu c'est... Que je n'ai pas pu te dire tout ce que... Je ressens pour toi. Car sur Niroy... j'avais honte que tu me vois dans l'état où j'étais... Je... c'est pour ça que je t'ai évité et ignoré... Je pensais des choses stupides et me cloisonnais dans de fausses excuses quand je croisais ton regard...

C'est... "Je t'aime" sont des mots qui ne suffiront jamais à définir complètement... ce que je ressens quand je suis avec toi...

Je prends une pause pour reprendre un peu d'air.

J'ai soudainement eu envie... de tout te dire sur moi, répondre à toutes tes questions... en apprendre plus sur toi... Car je t'aimerais avec ou sans ton passé si tu veux le partager avec moi... Je crois que tu... n'imagines pas totalement ce que tu représentes à mes yeux... Je n'ai... jamais ressentie ça aussi fort.

C'est pour ça... Malgré ce que tu m'as dit, je veux rester avec toi. Peu importe, je veux être avec toi... Pour toujours. Même si... Tu essayes de me virer à coup de boots t'y arriveras pas. Tu es... hm... on utilise âme soeur je crois... Tu me comprends, tu m'acceptes, tu m'as vu dans tous mes états, tu ne m'as jamais craint... tu ne me juges pas.

Nouvelle respiration.

Tu es tout... Tu es tout pour moi. J'ai tué Asophos par colère et haine lorsqu'il t'a menacé directement par les paroles. J'en suis devenu fou... Je ne supporterai jamais qu'il t'arrive quelque chose.

... Tu... Tu me fais vivre. Tu m'as fait revivre ce fameux matin où nos regards se sont croisés, et quand tu m'as provoqué en duel... Et où t'as manqué me battre. Tu es mon égale.

Je ris ce qui m'arrache de légers toussotements, j'ouvre les yeux pour la regarder malgré ma fatigue, ça je ne peux pas le dire les yeux fermés,

Ah putain. Je... Après tout ça... Je voulais te demander... Même si je risquais de me prendre un beau pain dans la gueule je crois... De m'accompagner pour toujours, de devenir ma Déesse. Pour l'éternité. Peu importe si tu préfères... Les femmes... Je ferais tout pour te rendre heureuse... Et je me contenterai de ce que tu voudras m'offrir... Je le jure...

Keuf... je voyais ça dans d'autres circonstances mais vu qu'on en parle... Autant être franc. Je ferais ce que tu veux Marianne, parce que... Je t'aime comme jamais je n'ai aimé. Je ferais tout pour rester à tes côtés... Pour que tu ne m'oublies jamais... Que tu continues à me sourire ou me provoquer...Ou à dégager les femmes qui me regardent de trop près haha... Je jure... Je... Je ferais tout. Tout pour être avec toi. Il n'y a que toi pour mes yeux.

Je ferme à nouveau les yeux, pour me remémorer mes bons souvenirs avec l'Alpha. Il n'y a pas à dire, il n'y a qu'elle pour me faire vivre comme ça.Rien que le fait de lui avoir ouvert mon coeur me berce dans une chaleur agréable qui semble effacer quelques instants mes frissons de fatigue.

Admin Messages : 7168 Date d'inscription : 20/09/2009

Vous continuez de progresser, rejoignant le gros des troupes en avant-poste et les autres véhicules blindés. Les tirs continuent de faire rage pour pulvériser des démons d'aciers qui envoient des sorts de feu et lutter contre les vers fouisseurs qui sortent du sol pour avaler des cyborgs par trois ou quatre.

Bienheureusement, leur avancée est prudente et leur permet d'anticiper nombre d'attaques. Mais néanmoins, cela reste une bataille difficile et l'idée que tes hommes soient quelque part derrière ces rangs, sans protection, n'est pour te rassurer.

Marianne passe une nouvelle vitesse, dépassant deux chars d'artillerie légère. Tout ce que tu lui dis frappe sur ses cordes sensibles les plus profondes. Elle lutte pour ne pas se laisser aller à l'exaltation euphorique, car les circonstances l'exige. La tension qu'il y a entre vous et désormais d'une autre nature : celle d'attendre que la tempête soit passée pour pouvoir se laisser aller aux joies amoureuses.

"Et quand tout sera fini ? Tu ne retourneras pas sur ta Centile alors ?

Je veux dire... je me suis toujours dit que... si tu reprochais à Kaen d'avoir abandonné Centile, tu ne pourrais pas faire la même chose avec ton propre monde..."

Sa voix est pleine de crainte. La peur que le bonheur qui lui semble promis ne soit qu'une illusion qui se dissipera avec les brumes de guerre.

Je lui jette un regard en biais pour voir comment elle réagit à ce que je lui dis. Mon sourire est toujours là tandis que je deviens plus calme au fil des minutes et de la route cahoteuse.

J'ai déjà accompli ce que je devais faire là bas. La paix et la démocratie ont été instauré laissant les anciens 42-3 libres de circuler, travailler tout comme n'importe quelle autre race venant dont ne sait quel incarnat. Le Culte a été revu de façon a ce qu'il ne serve plus ses propres intérêts mais ceux du peuple tout en étant satisfait. Kaen est toujours la Déesse là bas mais ce n'est pas un problème puisqu'elle a laissé les rênes à sa petite fille Elie qui est une amie de longue date pour moi. Une femme de confiance et qui ne laissera jamais des politiciens pourris entrer dans le cercle d'organisation de Centile.

Exceptée Jialle, on ne m'a jamais contacté sur Horazon, donc je suppose que si on ne m'a pas demandé en trente années centiliennes alors je n'ai aucune raison d'y retourner. Horazon ne me manque pas du tout. Et puis si j'ai la nostalgie, je pourrais toujours aller sur l'Horazon de ce monde.

Je suis un centilien, je dois rester sur Centile. Telagan et moi avons été écarté de Centile pour son bien dans ma dimension.

Je reste Marianne. Là bas je n'ai rien à part une terre trop grande pour moi. Ici, je t'ai toi, les Alphas, et si le peuple choisit de déboulonner pour de bon les statues de Kaen pour que moi ou un autre les guidions, je resterai ici. Si quelqu'un d'autre est choisi pour maintenir l'équilibre du Multivers et remplacer Kaen, alors ce sera encore mieux, on voyagera. Tu verras la vie de Gardien n'est pas si désagréable que ça, surtout quand on est plusieurs. Je pensais même à former un Panthéon et entraîner les Alphas pour leur donner accès au statut de Gardien.

C'est une idée qui ne me déplairait pas... Et toi?

Admin Messages : 7168 Date d'inscription : 20/09/2009

Elle se fait plus hésitante sur cette idée.

"Nous n'avons pas talents comme les tiens pour régner. A part sur un incarnat de faible technologie...

Mais, Gabriel, et le peuple d'Horazon ? Si tu es leur Dieu, es-tu sûr de pouvoir les abandonner ?"

Elle craint que ce que vous soyez en train de faire ne se répète à ton échelle : si tu quittes Horazon, que se passerait-il si le Culte des Khaliens était mis à bas ? Si les démons khaliens étaient pourchassés ? Si d'autres démons n'allaient pas se mettre sur ta trace pour ramener ta tête ?

Marianne le sait trop bien : tu es trop puissant pour n'avoir aucune responsabilité.

Vous êtes plus talentueux que vous ne le croyez. Un Panthéon abrite des Gardiens de différents niveaux. Je suis persuadé que c'est possible. J'ai progressé avec les années, je ne suis pas né avec tous mes dons pour le combat.

Pour ce qui est d'Horazon... Dans ma dimension, tous les Khaliens sont morts excepté moi. J'ai fait ce que j'ai pu pour organiser la vie là bas, il y aura toujours un démon plus puissant pour prendre ma place. Je ne voulais pas de cette terre. Elle m'est revenue de droit lorsque ma demi soeur Parth est morte pendant le combat dans les Enfers. Les démons sont mal vu dans ma dimension en dehors de Horazon contrairement à ici.

Ici, démons comme anges sont emprisonnés dans des pièces comme nous l'a dit Meisha. Et ont l'air de tenir une place plus importante.

J'hésite,

Je... Je ne veux pas y retourner Marianne. Ma vie est ici... Je ne veux plus... être seul. Plus jamais, je préfère mourir que d'y retourner. Jialle m'a délivré de la prison dorée que m'a offert Kaen. Je n'y retournerai pas. Jamais. Jamais.

Ma voix se casse.

Admin Messages : 7168 Date d'inscription : 20/09/2009

Elle acquiesce vivement de la tête, soulagée. Ses yeux se fixent davantage sur la route quand l'un des cyborgs lui fait signe de s'arrêter. Devant vous, une ligne grise de quelques dizaines de cyborg mène un combat contre l'un de ces vers géants qui fouille sous le sol.

Marianne baisse sa vitre.

"Que se passe-t-il Lieutenant ?

- Un groupe s'est détaché pour effectuer une percée afin de récupérer des soldats derrière les lignes ennemis. Le Seigneur Telagan les guide.

Ces vers tentent de couper nos lignes pour pouvoir encercler le groupe en pointe.

Elle penche sa tête sur le côté pour aviser le monstre qui vient d'émerger à nouveau pour tenter d'avaler une poignée de soldats mais qui ne récoltent que des balles. Les lignes tiennent bon, mais n'avance plus.

"Dites à vos hommes de me laisser passer.

- Soldat Marianne, les ordres sont d'éviter de rester isolé et de rester compact.

- J'ai dit que je passais !"

Sans attendre la confirmation du Lieutenant au visage métallique et lisse, elle appuie sur l'accélérateur. Les soldats s'écartent en toute hâte sur son passage.

"Tu peux encore voler ?"

Un ver sort de terre à une cinquantaine de mètres devant vous, sa gueule énorme ouverte pour montrer ses multiples rangées de dents.

Tu comprends vite son plan quand elle pointe son arme devant elle. Elle va tirer sous le corps du monstre pour le faire plier et se servir de son corps comme un tremplin.

Mais elle ne s'attend pas à un atterrissage en douceur, aussi s'attend-elle à ce que vous vous éjectiez en vol. Puis à ce que vous rattrapiez le groupe de tête.

A moins que tu n'aies une meilleure idée. Vite !

Seul mon ouïe guide mes sens et me laisse deviner ce qu'il se passe sur ce champ de bataille : des vers fouisseurs. J'écoute la discussion rapide entre l'Alpha et le cyborg avant de serrer les dents lorsqu'elle décide de passer en force.

*Des soldats ? Il parle des Alphas c'est sûr. Mais Gueule de Fer était ok, Marianne est là... Meta ? Mais elle avait dit qu'elle était ok ! Putain de règle numéro 3 de merde !!! Elle a menti ! Telagan, sauve la putain, je suis plus en état... Je refuse de perdre un autre Alpha après Mille Flingues et les Jumeaux ! Plus jamais ! Pourquoi suis je si faible ?!*

Tu peux encore voler?

Sa question n'attend pas vraiment de réponse. Sauf que je si je peux sans doute voler, la porter et nous défendre des démons volants sans doute présents ne sera pas possible vu que mes sens sont troublés par la fatigue. Nous risquons plus de nous écraser et nous blesser que d'arriver sain et sauf de l'autre côté.

Tandis que la Jeep file à tout allure vers le vers, j'ouvre les yeux et tend la main pour abaisser son arme.

Ca peut paraître fou de foncer dans la gueule du vers directement. Ses crocs acérés vont nous broyer c'est certain. Nous y sommes quasiment.

Fais moi confiance, roule!

[Ralenti]Alors que le capot de la Jeep commence à s'enfoncer vers la gueule béante, celle-ci s'éthérise soudainement sous mon regard pour nous laisser traverser le corps entier du vers et nous laisser voir l'intérieur de son corps de manière quasi transparente.[/Ralenti]

Lorsque nous sommes loin de lui, je me rappuie sur mon côté passager avec un grognement fatigué.

Essaye de les éviter, je vais pas pouvoir le refaire. On volera que si on a plus le choix... Je suis vraiment à ma limite Marianne. Désolé.

Admin Messages : 7168 Date d'inscription : 20/09/2009

Ethérer tout un véhicule est compliqué car il te faut éviter de toucher totalement les pneus pour garder une adhérence au sol. Mais avec une sérieuse dose de concentration, tu parviens à traverser les chaires du ver. Hélas, tes pneus doivent rouler sur les dents de la créature. Bien que l'émail se brise, il crève aussi deux pneumatiques et force ton véhicule à faire une embardée.

Tu ressors du corps de la créature sur deux roues. Marianne tente de stabiliser comme elle peut mais le terrain reste instable et glissant à cause de la pluie. Vous finissez votre course à 90°, la porte côté conducteur raclant le sol. Marianne souffle :

"Aaah mon cul ! Pas deux crashs en une journée !"

Elle explose le toit d'un coup de poing et déchire le métal pour sortir du véhicule.

"Bouge pas," ordonne-t-elle calmement.

Elle place ses mains sous la carcasse de la jeep et la soulève de toutes ses forces pour vous remettre d'aplomb.

Vous êtes passé, mais les soldats derrière vous sont toujours en train d'affronter les créatures. Tant pis, il vous faut avancer.

Vos jantes sont en fin de vie quand vous arrivez à rejoindre le peloton de tête. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] se tient devant une Meta saine et sauve.